(avec le
concours de Sandra
Guyomard)
Dauphins
solitaires
-HORACE (Tursiops, mâle, Hawkes
Bay - Nouvelle-Zélande,
1978) :
Horace a conquis le cœur des
habitants de Hawkes Bay. Il a été observé, à plusieurs
reprises, portant secours à des nageurs en difficulté.
Il acceptait les offrandes de
poisson et en volait même dans les embarcations des
pêcheurs ! Horace changeait les directions des
gouvernails ou bien volait les palmes des
plongeurs. Il a été
observé quelques fois en érection lors
d’interactions avec ses nageurs favoris et en compagnie
de femmes.
Horace a disparait en mai
1979…
-JOJO (Tursiops, mâle,Bahamas
Iles Turks et Caicos, 1980) :
Dans un premier temps, Jojo
se contente de suivre les bateaux tout en sollicitant
les nageurs. Mais lorsque ces derniers tentent de le
toucher ou de l’approcher, il les mord ou donne des
coups de rostre.
En 1985, il commence à
interagir avec les hommes. C’est à ce moment que Dean
Bernal devient son ami.
« Jojo a commencé à suivre Dean tout
d’abord de loin, puis de plus en plus près, jusqu’à ce
que le dauphin finisse par nager à ses côtés. ‘Je n’ai
jamais tenté de le toucher, raconte Dean, mais de temps
en temps, le dauphin me touchait’. Au cours de leurs longues promenades
ensemble, ils ont rencontré des requins, des raies
manta, de temps en temps des baleines à bosse. Dean
écoutait Jojo imiter le chant des baleines. De temps en
temps, Dean faisait une pause en surface, et chantait à
son tour. Rien de bien extraordinaire ; seulement
quelques bribes d’une chanson. Jojo se dressait à la
verticale et l’imitait. C’est ainsi que les deux
mammifères chantaient au milieu de
l’océan ».
Jojo a été observé, à
plusieurs reprises, en compagnie de congénères sans
avoir pour autant ré-intégré un groupe…
-PERCY (Tursiops, mâle,
Porthreath – Angleterre,
1981) :
En août 1983, Percy
commence à accepter de se laisser toucher par un homme,
Bob Holbarn, mais sous condition que ce dernier reste
dans son embarcation ou bien que l’interaction ait été
suffisamment longue. Ensuite, blessé par un hameçon qui
est resté fiché dans son œil quelques temps, Percy est
devenu plus distant.
Fin 1984, Percy
disparait.
-CHIRA (Tursiops, mâle,Costa
Rica – Amérique Latine,
1983) :
Le nom de ce dauphin vient du
fait qu’il s’était sédentarisé aux alentours des îles
Chira, après que l’un de ses congénères ait été retrouvé
tué par balle… Il aimait jouer avec les hommes, les
chiens ou les objets divers. Il avait un intérêt
particulier pour un petit garçon.
La même année, Chira s’est
retrouvé piégé dans un filet, semblant attendre
tranquillement d’être libéré. Le pêcheur à qui
appartenait le filet l’a tué à la machette. Il est
lui-même décédé une semaine plus tard, frappé par la
foudre, alors qu’il se trouvait dans son
bateau.
-FUNGIE/DORAD (Tursiops, mâle,Baie
de Dingle - Irlande,
1984:
Fungie s’est établit dans la
Baie de Dingle, non loin d’un groupe de congénères
sédentaires. Son arrivée correspondant à la découverte
de la dépouille d’un dauphin piégé dans un filet de
pêcheurs, a laissé penser qu’il s’était retrouvé seul
suite au décès de sa mère. L’observation de marques de
dents sur son corps ont démontré des contacts avec
d’autres dauphins. Il aurait également été observé, à
plusieurs reprises, jouant avec un autre dauphin
ambassadeur/solitaire, Randy (voir le paragraphe qui lui
est consacré).
-TAMMY
(Lagénorhynque Obscur, mâle, Auckland –
Nouvelle-Zélande, mars
1984) :
Tammy est le seul
ambassadeur/solitaire de son espèce connu à l’heure
actuelle.
Il avait tout
« simplement » élu domicile au niveau de
l’Estuaire de Tamaki au cœur d’Auckland ! Il a très
vite gagné le cœur des habitants, lesquels veillaient
sur lui. Ses interactions avec les hommes n’étaient pas
très intenses. Il évoluait le plus souvent dans le
périmètre d’un bateau amarré, dont il s’éloignait pour
aller chasser, et enchantait les visiteurs avec ses
sauts, il pouvait en enchaîner jusqu’à 48
d’affilée ! Il aimait jouer avec les objets
flottant à la surface et les algues. Il maintenait une
certaine distance entre lui et les plongeurs même s’il
lui est arrivé d’en toucher certains, sans pour autant
en autoriser la réciprocité.
Tammy a
disparu le 15 mai 1984…
-RAMPAL
(Dauphin Commun*, mâle, Estuaire de Whitianga,
Nouvelle-Zélande,
1985) :
Rampal, particulièrement
sociable et doué pour la communication acoustique avec
les hommes, devait son nom à l’intérêt qu’il semblait
porter aux enregistrements du flûtiste Jean-Pierre
Rampal, lesquels lui étaient transmis par un
synthétiseur sous-marin.
Il s’était sédentarisé, avec
une autre femelle de la même espèce et son petit, dans
la rivière de Whitiangha, lieu de résidence rendu idéal
par la présence abondante de poisson, malgré un trafic
fluvial non négligeable. Cependant, seul Rampal a adopté
des comportements familiers à l’égard de l’homme, les
ravissant de ses sauts hors de l’eau. Il avait également
des talents d’imitateurs et répondait à l’appel de son
nom.
Il disparait en 1989...
-SIMO (Tursiops, mâle,
Solva – Ecosse,
1984) :
Simo avait élu domicile dans
un port touristique et interagissait avec les baigneurs.
Curieux des activités maritimes et sous-marines, il
était aussi friand de caresses et initiait rapidement
des contacts physiques avec les humains. Il accueillait
les nageurs en faisant un grand saut et en posant sa
tête sur leurs épaules, il prêtait volontiers sa
nageoire pour les remorquer. Un brin
« tapageur », il poussait régulièrement les
petites embarcations ou bien faisait chavirer les
matelas pneumatiques ! En revanche, lors de grandes
phases d’excitation, il lui est arrivé de mordre
jusqu’au sang.
Simo disparait en 1985
alors qu’il paraissait fatigué et respirer avec
difficulté.
-ROMEO (Tursiops, mâle,
près de Naples – Italie, 1985) :
Roméo devait son patronyme à
ses comportements sexuels très entreprenants. Récit de ses incroyables
interactions avec une journaliste allemande, Carola
Hepp : « Carola Hepp rend visite
à Roméo en 1987. De la plage, elle appelle le dauphin en
faisant tinter une clochette. Roméo arrive, finit par
offrir sa dorsale pour la remorquer loin des touristes,
là où ils peuvent s’amuser tranquillement. A plusieurs
reprises, le dauphin tente quelques approches sexuelles,
freinées par le bikini de Carola. Une fois il parvient à
introduire son pénis sous le maillot de bain au niveau
d’une hanche, et remorque la nageuse de manière
insolite. Depuis la plage, les amis de Carola sidérés,
voient la jeune femme se déplacer dans l’eau à grande
vitesse sans comprendre comment. Roméo est mort quelques mois
après.
-SCARY/SCARI (Dauphin à Bosse du
Pacifique, femelle, Baie de Tin Can - Australie,
1987) : Scary est le seul individu
ambassadeur/solitaire de son espèce recensé à
ce
jour.
Il existe peu d’éléments à
son sujet, si ce n’est qu’elle nageait parfois en
compagnie des baigneurs et acceptait la nourriture qui
lui était offerte.
-AIHE (Tursiops, femelle,
Golden-Bay - Nouvelle-Zélande,
1987) :
Aihe avait la particularité
d’être borgne. Elle est devenue rapidement familière
avec les hommes, même si elle interagissait également
avec d’autres dauphins et des chiens. Elle se livrait à
des bonds majestueux, également à des jeux d’imitation
et faisait des « offrandes » peu communes à
ses compagnons humains : un jour, elle a offert à
une petite fille un thon d’1 mètre 50 ! Elle
acceptait le contact physique, même si cela n’était pas
systématique et se prêtait aux activités de
remorquage.
En 1995, Aihe a rejoint une
autre dauphine ambassadrice/solitaire, Maui, et a limité
ses interactions avec les hommes.
-PITA
(Tursiops, femelle, Belize – Amérique Centrale,
1987) :
Pita a initialement été
observée en compagnie de congénères juvéniles. Ces
derniers ont regagné le large mais la dauphine, très
affaiblie et porteuse de plaies sérieuses dues à une
confrontation avec un requin, est restée sur
place…
-BILLIE (Tursiops, femelle, port
fluvial d’Adelaïde - Australie,
1987) :
Billie, initialement prise
pour un mâle – d’où la double orthographe de son surnom
- est apparue en compagnie de sa maman, laquelle restait
distante vis-à-vis des hommes. Lorsqu’elle s’en est
allée, Billie est restée dans le fleuve.
Elle avait pour habitude de
nager avec des chevaux de courses amenés sur place
par un certain Monsieur Sandford, entraîneur équestre,
qui se promenait lui-même en barque, accompagné de son
chien ! Les chevaux, dans un premier temps
intrigués, ont finalement bien accepté la présence de la
dauphine à leurs côtés. Présence qui était devenue si
habituelle que le jour où Billie a disparu, les chevaux
ont, paraît-il, hésité à se mettre à l’eau
-FREDDY
(Tursiops, mâle, Amble – Angleterre, avril
1987) :
A Amble, port anglais
poissonneux, où il s’était sédentarisé quelques années,
il est toujours possible d’observer les fresques à
l’effigie de Freddy.
Freddy a également connu son
« heure de gloire » puisque les foules
venaient des quatre coins du monde pour tenter
d’interagir avec lui.
Il avait des comportements
imprévisibles et changeants : sauts, interactions
(y compris avec les chiens) et aussi des comportements à
connotation sexuelle, particulièrement à l’égard des
femmes. C’est ainsi qu’un certain Alan Cooper a été
accusé d’avoir masturbé Freddy sous prétexte qu’il
nageait en sa compagnie alors que l’animal était en
érection. L’homme a finalement été acquitté et le
dauphin est parti de Amble en avril 1992.
Freddy aurait ensuite été
aperçu aux environs de Amble, mais il ne semblait pas se
décider à rester à un endroit précis…
-HERBIE
(Tursiops, mâle, Bahamas,
1988) :
Il existe peu d’éléments
concernant les interactions de ce dauphin. Il est
simplement possible de dire, à son propos, qu’il
n’acceptait d’être touché que par des
enfants…
-JOTSA(Tursiops, femelle,
Bouches de Kotor – Monténégro – Yougoslavie,
1988) :
Cette dauphine faisait partie
intégrante du quotidien des habitants de la Baie de
Kotor. Auparavant, ses parents s’étaient eux aussi
établis dans cette même baie mais leur présence avait
irrité les pêcheurs, lesquels n’ont pas hésité à les
tuer à coups de fusils…
Chacun connaissait Jotsa, les
enfants l’appelaient dans le port en frappant la coque
d’un bateau. Ses cabrioles enthousiasmaient les
adultes !
Elle a été très régulièrement
observée en compagnie de congénères. Même s’ils
gardaient leurs distances, certains d’entre eux
assistaient aux interactions de Jotsa avec les hommes.
Interactions qui avaient toujours lieu dans le port
mais, lors des opérations de chasse, la dauphine restait
hermétique à tout appel de ses amis humains ! Elle
était très démonstrative et lorsqu’elle jetait son
dévolu sur un nageur, elle jouait à l’empêcher de sortir
de l’eau. Jotsa adorait se faire gratter le ventre par
ses compagnons humains.
-FLIPPER (Tursiops, mâle,
Ile Karmöy – Norvège,
1990) :
Les premiers contacts du dauphin
ont eu lieu avec des surfers. A priori, Flipper
recherchait de manière très active le contact avec les
hommes, n’hésitant pas à revenir plusieurs fois vers un
endroit afin de vérifier la présence éventuelle de
baigneurs ! En revanche, il ne semblait éprouver
aucun intérêt à jouer avec les chiens, qu’il avait même
tendance à repousser vers la plage…
Il n’était absolument pas peureux
et la finalité de ses échanges avec les hommes n’était
pas tant le jeu mais surtout les caresses. Flipper
présentait également des comportements à connotation
sexuelle très marqués lors des interactions.
Il est important de préciser que la
présence du cétacé en Norvège était symbolique puisqu’il
s’agit d’un pays qui tue et massacre en nombre baleines
et globicéphales.
Flipper n’ayant pas échappé
à une certaine popularité et à la cruauté de certaines
personnes (coups de feu entre autre), Dean Bernal (l’ami
de Jojo), a été sollicité afin de veiller aux intérêts
du dauphin par le biais d’un plan de protection et
d’information du public. D’autant que Flipper était
régulièrement blessé par les hélices des
bateaux.
Depuis juin 2002, le dauphin n’est
pas ré-apparu.
-MAUI
(Tursiops, femelle, Kaikoura –
Nouvelle-Zélande, avril
1992) :
Maui a perdu les siens très jeune
et a adopté un comportement analogue à celui de Aihe,
« offrant », elle aussi, des poissons aux
nageurs. Elle est rapidement devenue familière avec ces
derniers, recherchant le contact physique.
Cependant, en 1994, la dauphine a
délaissé la compagnie et hommes, préférant celle d’un
groupe de Lagénorhynques Obscurs.
La particularité de Maui était de
se déplacer sur de grandes distances.
En 1995, Maui et Aihe ont fait
chemin commun à Malborough Sound, toujours en
Nouvelle-Zélande, baie déjà fréquentée par certains de
leurs congénères. Les deux dauphines ont commencé à
interagir de moins et moins avec les hommes. Maui, quant
à elle, appréciait toujours la compagnie des
Lagénorhynques Obscurs mais pas celle d’un autre
dauphin, un Dauphin d’Hector, baptisé Hec : elle
s’est montrée très brutale avec ce dernier, lui assénant
de violents coups de rostre, le poussant sous la surface
de l’eau etc… Un jour Hec a disparu et n’a plus jamais
été aperçu… Maui l’aurait-elle mortellement
blessé ?
Wade Doak a confirmé très récemment
que Maui est toujours vivante. Il a également ajouté que
depuis qu’elle avait eu son second bébé - elle a perdu
le premier – elle repousse les humains de manière
agressive. Elle a maintenant rejoint un groupe local de
congénères.
Le cas de Maui, qui a intégré un
groupe de congénères après avoir mis un petit au monde,
n’est pas isolé, en effet d’autres dauphines
ambassadrices/solitaires, telles que Ouline par exemple
(voir le paragraphe qui lui est consacré), ont eu un
comportement similaire dans le même contexte de
maternité. Cependant, Ouline a continué d’interagir avec
les hommes après avoir mis sa petite Mapsutta au
monde.
-ERCINA & ENOL (Tursiops,
respectivement femelle et mâle,Côte de Lluarca –
Espagne, 1994) :
Le couple a vécu trois années
consécutives sur la côte de Lluarca et Ercina a
même mis un petit au monde ! Cette fidélité a incité le
Maire de Lluarca à attribuer une protection totale aux
deux dauphins.
En 1997, Enol a décidé d’aller
rejoindre un lieu rendu mythique par l’une de ses
congénères, Nina, quelques 25 années plus tôt : La
Corogne en Galice. Cependant la foule de curieux a rendu
Enol agressif.
Ercina a disparu fin 1997.
-OULINE/OLEEN (Tursiops,
femelle, Mezaïna – Egypte / Eilat - Israël,
1994) :
C’est en 1994 que Abid’allah,
pêcheur sourd et muet, a découvert Ouline, blessée,
nageant autour de l‘un de ses congénères tué par
balle ; non loin d’elle, le jeune homme a également
aperçu le corps d’un bébé dauphin, empêtré dans un
filet.
Abid’allah s’est occupé d’Ouline et
une tendre complicité s’est installée entre eux.
Une fois la nouvelle de sa
sédentarisation répandue, la dauphine a accepté, dans
son univers, les foules de touristes venues lui rendre
visite mais affichait des préférences pour telle ou
telle personne, particulièrement pour son
« sauveur », à tel point qu’elle abandonnait
toute activité dès qu’elle l’apercevait.
En 1996, Ouline a disparu
momentanément afin de mettre un petit au monde.
Malheureusement, l’été 1997, le delphineau a succombé.
Selon certains dires, ce décès serait dû à l’épuisement
du petit, causé par l’activité intense à laquelle il
était confronté (afflux touristique).
A ce jour, Ouline est toujours
fidèle au poste, elle va et vient entre l’Egypte et
l’Israël ! Elle a mis au monde un autre delphineau,
une femelle baptisée Mapsutta, qui semble en pleine
forme. Les deux dauphines continuent d’interagir avec
les baigneurs, ce qui semble tout à fait naturel pour
Mapsutta, habituée depuis toujours à la proximité de
l’homme. Elles arrivent toujours ensemble, parfois
accompagnées de congénères, lesquels se livrent, de
temps en temps, à des jeux avec les hommes.
La dauphine n’accepte le poisson de
la main de l’homme que très peu souvent, comme s’il
s’agissait d’une friandise.
-TIAO (Tursiops, mâle, Sao
Sebastiao et Caraguatatuba – Brésil, juin 1994
) :
Après avoir passé quelques semaines
dans le Port de Sao Sebastiao, Tiao a migré vers les
plages au large de la ville de Caraguatatuba. Il a
commencé à interagir avec les humains en juin 1994, à
partir de ce moment il s’est laissé toucher et acceptait
de tracter certains d’entre eux (surtout les
femmes !).
Tiao a été au centre d’un
pathétique fait divers : le 8 décembre 1994, il a
blessé grièvement plusieurs personnes dont l’une d’entre
elles est ensuite décédée… En effet, des nageurs ont eu
des comportements imprudents avec le dauphin tels que
tenter de le chevaucher, de le ramener vers la plage au
moyen d’une corde nouée au niveau de sa nageoire
caudale, de lui boucher l’évent avec un bâton, et même
d’y enfoncer une cigarette allumée… (NB : l’évent
est l’orifice respiratoire du dauphin, situé
au-dessus de sa tête : s’il est bouché, l’animal
peut mourir d’asphyxie).
C’est donc en se débattant que le
dauphin a blessé ces
personnes…
A ce sujet, André Rossi, Biologiste
au sein de Fundamar, Organisation Non Gouvernementale
qui suivait Tiao, a déclaré : « Avant toute chose, le type
décédé était ivre mort. Frappé à l’estomac, il quitta
cependant la plage en marchant et, une fois à l’hôpital,
on le laissa assis durant un long moment après qu’il eût
pris un comprimé, avant que quelqu’un se rende compte
que c’était sérieux. Mais il était trop
tard…
L’animal
est très docile et gentil, il cherche le contact avec
les humains de la façon la plus délicate, effleurant à
peine les baigneurs pour annoncer sa présence. Le reste
n’est que la façon classique dont les hommes réagissent
à la nature : tenter de détruire au plus vite ce
qu’on ne peut comprendre ».
Tiao, qui a recouvré son
comportement tout à fait docile après cet incident, est
retourné vers le Port de Sao Sebastiao.
Il s’est absenté une première fois
temporairement du mois d’août au mois d’octobre 1994,
pour disparaître définitivement en août 1995…
-PIKO
(Tursiops, mâle, Tanabe - à côté d’Osaka – Japon,
1995) :
La présence de Piko dans les eaux
de Tanabe était très symbolique puisque ce n’est qu’à
quelques dizaines de kilomètres de Taiji, port où les
dauphins sont encore aujourd’hui tués en nombre. Malgré
cela, il y a peu d’éléments concernant les interactions
de Piko avec les hommes…
-HARRY
(Tursiops, sexe indéterminé, Ile de Kitipi et Baie de
Hawke - Nouvelle-Zélande,
1995) :
Harry interagissait peu avec les
hommes, il préférait à cela suivre les bateaux ou bien
jouer avec les ancres et les chaînes des embarcations.
Il n’acceptait pas le contact physique, même s’il lui
est arrivé de toucher certains nageurs avec son
rostre.
Harry a disparu en avril
1997…
-FILIPPO
(Tursiops, mâle, Golfe de Manfredonia – Italie,
1998, mais premières observations en
1995) :
Ce dauphin est observé depuis 1995
mais il n’a commencé à établir des contacts avec l’homme
qu’en mai 1998. Il se serait séparé d’un groupe de
dauphins voyageurs...
En 1997, Filippo se déplaçait en
compagnie d’un autre dauphin, lequel a finalement été
retrouvé mort, échoué sur une plage…
Comme bon nombre de ses congénères
ambassadeurs/solitaires, Filippo affiche des
comportements à connotation sexuelle lors des
interactions. Il lui arrive aussi de mordre les bras et
les pieds des nageurs. D’ailleurs ce comportement a
tendance à s’accentuer en fonction de son état
d’excitation.
La communauté de Manfredonia se
mobilise pour le bien-être de son ami aquatique et
souhaite qu’une protection permanente lui soit assurée.
Des bénévoles soignent les blessures dont Filippo est
régulièrement victime, causées par les hélices des
bateaux. Récemment, le dauphin a été sévèrement blessé,
par l’une d’entre elles, au niveau de la
gorge…
Sous prétexte de lui « venir
en aide » un delphinarium a demandé une
autorisation de capture afin de le mettre dans un
bassin… Fort heureusement, grâce la mobilisation des
habitants de Manfredonia, le projet semble avoir été
abandonné.
Filippo s’est très bien adapté à sa
vie parmi les hommes. S’il semblait mal en point, des
mesures seraient probablement prises dans son intérêt,
alors de quel droit s’octroyer sa liberté dans un
but soi-disant « salvateur » ? Il est vrai que
les tarifs pratiqués par l’industrie de la captivité
sont en hausse et qu’il est monnaie courante, de nos
jours, de tenter de s’attribuer un dauphin échoué vivant
ou un dauphin isolé de son groupe dans un pseudo but de
réhabilitation à une vie « normale », ainsi
l’obtention du dauphin est possible à moindre coût… Mais
généralement ces animaux restent en bassin toute leur
vie et ne revoient jamais l’océan…
Les dauphins
ambassadeurs/solitaires, même isolés de leurs
congénères, avec les inconvénients que cela implique,
survivent : bien qu’ils adoptent des comportements
marginaux, voire atypiques, et qu’il s’agit d’animaux
prédisposés à vivre en groupe, d’après les exemples
recensés au présent chapitre, on observe qu‘ils
parviennent à chasser en toute autonomie, rares sont
ceux qui acceptent d’être nourris par une main
humaine ; certains se sont sédentarisés
suffisamment longtemps pour que l’on puisse se rendre
compte qu’ils ne s’étaient pas laissés
« dépérir ». Et par-dessus tout : ils
sont LIBRES. Rien ne justifie leur mise en
captivité, d’autant qu’à ce jour, il est impossible
d’affirmer pour quelles raisons ces dauphins s’isolent
de leur groupe et recherchent de manière aussi manifeste
le contact avec l’homme.
En août 2000, Filippo est même venu
secourir un petit garçon sur le point de se noyer et a
fait parler de lui dans les journaux :
« Italie : Sauvé par un
dauphin !
Un dauphin
a sauvé un jeune Italien de la noyade lorsque ce dernier
est tombé d’une embarcation où il se trouvait avec son
père, à proximité de Manfredonia, dans le sud de
l’Italie.
Le dauphin,
nommé Filippo et connu dans cette région de l’Adriatique
depuis deux ans, nageait à côté de la barque ce dimanche
quand une vague a fait tomber le garçon, qui ne sait pas
nager. Alors qu’il commençait à sombrer, le dauphin a
soulevé le garçon, âgé de 14 ans, et l’a ramené jusqu’à
la barque où son père a pu le repêcher ».
(Source : Le Télégramme).
A l’heure actuelle, et après
avoir interrogé Giovanna Barbieri, qui consacre sa thèse
à l’étude de Filippo, ce dernier partage toujours son
existence avec les hommes. « Il va bien, et en ce moment c’est
sa saison préférée puisqu’elle lui apporte plein de
bateaux avec lesquels jouer ! » a ajouté
Giovanna.
-PAQUITO (Tursiops, mâle,
San Sebastian – Pays Basque – Espagne, novembre 1998)
:

Paquito par
Philippe Dealmeida
Paquito approche les
nageurs, salue ses admirateurs réguliers mais n’autorise
pas qu’on le touche.
-DUSTY (Tursiops, femelle,
Comté de Clare - Irlande,
2000) :
Dusty, qui affiche un
comportement timide, a d’abord été observée à Doulin
puis s’est établie à Fanore.
Le climat et la température de
l’eau, lors de la période hivernale, ne favorisent pas
vraiment les interactions - même si l’une de ces fidèles
amies, Ute Margreff, nage régulièrement avec elle – et
laisse quelques moments de répit à la dauphine. En
revanche, lorsque les beaux jours reviennent, le
problème de l’excès de visiteurs venus rendre visite à
Dusty (traduction française :
« poussiéreuse ») se pose systématiquement
sans avoir pu être résolu à ce jour, sans compter qu’un
second problème vient de se greffer : une ligne de
ferry reliant Fanore aux îles d’Aran...
-SANDY
(Tursiops, sexe incertain, âge au moment des
premières interactions : jeune, Inisheer -
Irlande, mai 2001) :
Sandy, même s’il ne semble pas
avoir interagit avec les hommes depuis plusieurs
mois, rôde autour de Inis Oirr dans les îles Aran,
depuis mai 2001. Initialement, ce sont des plongeurs qui
ont rencontré le dauphin, ensuite bon nombre d’habitants
du coin et de visiteurs ont nagé avec lui. A ce propos,
son comportement est généralement amical, cependant,
selon certains dires, il aurait eu des comportements
agressifs tels qu’asséner des coups de tête ou de
rostre, empêchant également certains baigneurs de
regagner la plage en se mettant entre eux et le rivage…
Le fait qu’il remue de temps à autre sa tête de haut en
bas (ce qui a également été observé chez Randy et Dusty)
pourrait être assimilé à une gestuelle menaçante. Sandy
a également maltraité des oiseaux de mer. |